Don d’organes et de tissus, Un lien qui nous unit tous

La coordination du Centre hospitalier de Saint-Denis (93) : une équipe engagée au service de son territoire

La Coordination de prélèvement Organes et Tissus du Centre hospitalier Delafontaine de Saint-Denis, Réseau Opérationnel de Prélèvement (ROP) se distingue par plusieurs points forts : s’investir en équipe sur la qualité pour déployer ses activités multiples et développer des projets multiculturels territoriaux.
Entretien croisé avec le Dr Nathalie Mémain, médecin réanimateur et coordinateur des prélèvements à Saint-Denis, et le Dr Mériam Lamraoui, médecin anesthésiste au sein de la Direction du prélèvement et de la greffe, service régional Ile-de-France Guyane Antilles à l’Agence de la biomédecine.

Créée en 1998, puis professionnalisée en 2004, la coordination n’a, depuis, cessé de monter en puissance et travaille avec une infirmière coordonnatrice en temps plein, ainsi que 3 infirmières à mi-temps. Une équipe dynamique que le Dr Mériam Lamraoui connaît bien pour ses nombreux projets.

Des activités multiples déployées au sein d’un vaste réseau

La coordination fonctionne en réseau opérationnel de proximité et s’organise en lien avec 6 hôpitaux : le CHI André Grégoire de Montreuil, le Centre hospitalier de Gonesse, le centre cardiologique du Nord de St Denis, la clinique de la Roseraie à Aubervilliers, la clinique du Vert Galant à Tremblay-en-France et la clinique de l’Estrée à Stains. Les infirmières de la coordination de St Denis se déplacent 24h sur 24 sur ces sites et vont à la rencontre des proches de donneurs en mort encéphalique. Ainsi en cas de non opposition au don, elles organisent le transfert de la personne décédée vers l’hôpital Delafontaine. En effet, le centre hospitalier de Saint-Denis est le seul du département à être autorisé à effectuer le prélèvement chirurgical dans ces conditions au bloc opératoire.
Au-delà de la prise en charge des donneurs en mort encéphalique, la coordination organise le prélèvement de tissus (cornées, épiderme, membranes amniotiques, veines…) en chambre mortuaire entre autres. L’activité de prélèvement de cornées est actuellement déployée sur le site de l’hôpital Delafontaine. Néanmoins, la coordination, en collaboration avec les services partenaires, organise sa mise en place également sur le centre hospitalier de Gonesse. Par ailleurs, elle mène des travaux de recherche en lien avec le prélèvement de tissus (restauration tégumentaire…).

Le développement du protocole Maastricht 3 au sein du CHI de Montreuil est également en cours. Ce projet de prélèvement sur donneurs décédés, suite à la limitation ou l’arrêt des thérapeutiques en réanimation, est particulièrement novateur. En effet, il repose sur une collaboration étroite entre la coordination, les équipes de réanimation de l’hôpital Delafontaine et du CHI de Montreuil. L’Agence de biomédecine, par son service régional d’Ile-de-France Antilles Guyane, apporte son soutien dans la réalisation de ce projet.

Enfin, la coordination mène également sur les différents sites du réseau des actions de sensibilisation et de formations auprès des différents professionnels de santé.

Un management par la qualité, appliqué au prélèvement

Mériam Lamraoui salue une démarche qualité très poussée sur laquelle toute l’équipe de la coordination de Saint-Denis s’appuie. Chaque activité de prélèvement organes et tissus est décrite par processus, via une cartographie des risques, afin d’anticiper et d’analyser toute dysfonction qui surviendrait : un management intégratif réalisé en collaboration avec les professionnels des différents sites et le service Qualité et gestion des risques des établissements. L’aspect positif de la démarche passe aussi par les retours d’expérience des infirmières coordinatrices, précise Nathalie Mémain. L’objectif est qu’elles aient un lien direct avec les Directions Qualité et ne soient pas uniquement dans l’opérationnel. Une coordinatrice a d’ailleurs suivi une formation spécifiquement dédiée à la démarche qualité. À chaque étape des procédures, des indicateurs de suivi et d’évaluation des pratiques permettent de travailler sur la qualité en reprenant, par exemple, des dossiers de donneurs, puis en proposant des axes d’amélioration. La coordination rencontre également, au moins tous les 6 mois, la référente coordination au sein de la direction qualité.

Des projets novateurs et collaboratifs pour sensibiliser au don

La coordination de Saint-Denis s’intègre au sein d’un territoire multiculturel source de richesses, mais également de complexités, notamment en raison des refus au don plus importants. Le taux d’opposition est plus élevé au sein du réseau nord francilien que la moyenne nationale. Pour nourrir la réflexion sur cette question, la coordination collabore avec une psychologue qui travaille en réanimation et mène une étude sur la représentation de la mort.
Plusieurs réunions ont également été organisées auprès des interlocuteurs religieux des différentes communautés du Groupement Hospitalier de Territoire (GHT). Le but est de mieux comprendre comment chaque culture appréhende le don et de faire davantage connaître la thématique auprès des différents cultes. Écouter les motifs d’opposition des proches est déjà, en soi, un acte de bientraitance rapporte Nathalie Mémain. Grâce à un laboratoire de simulation, basé au sein du centre hospitalier Delafontaine, plusieurs formations (annonces de diagnostics, entretiens sur le don avec les proches…) peuvent être proposées aux professionnels.
L’équipe participe aussi à la sensibilisation au don d’organes et de tissus via de nombreuses interventions dans les collèges et lycées. Nathalie Mémain apprécie particulièrement cette activité, qui permet de nouer de véritables liens et de voir les mentalités évoluer. Parler du sujet devient moins tabou.

Dynamique et très investie sur son territoire, la coordination de prélèvement de Saint-Denis va au-devant de tous les publics, tant les professionnels de santé que le grand public, pour échanger et informer tout en développant de multiples projets innovants.