Les coordinations hospitalières sont l’élément numéro un de la chaîne du don. Sans elles rien n’existe.
1. Vous avez pris la direction générale de l’Agence de la biomédecine depuis bientôt 1 an. Que retenez-vous de ce début de mandat ?
Ce qui me frappe le plus et me fait plaisir, c’est le professionnalisme de l’ensemble des acteurs impliqués dans les activités de l’agence. Le travail réalisé n’est pas hors sol, mais véritablement connecté au terrain. C’est une agence experte, référente et opérationnelle, en prise avec la réalité. Cette force nous permet d’avancer ensemble et d’aller dans la même direction avec toutes les parties prenantes, que ce soient les professionnels de santé, les associations de patients, les Agences régionales de santé, etc.
Un autre point qui retient mon attention : l’Agence de la biomédecine se caractérise à la fois par une grande technicité et par le statut éthique de ses missions. Par exemple, l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation (AMP) pour les femmes seules et les couples de femmes implique un changement de regard par rapport à nos référentiels habituels et des changements de pratique. Les demandes ont été multipliées par 7,5 et cela nécessite d’accompagner au mieux les équipes hospitalières. Sur la partie prélèvement-greffe d’organes et de tissus, les enjeux médicaux et éthiques des modèles organoïdes sont considérables : la culture in vitro des versions miniatures de nos organes ouvre des perspectives d’amélioration de la thérapie cellulaire. Là encore, ces évolutions entrainent avec elles des changements de société.
2. Quels sont les défis actuels auxquels les acteurs de la greffe et du prélèvement sont confrontés pour répondre au « Plan 2022‑2026 pour le prélèvement et la greffe d’organes et de tissus » ? Comment l’Agence accompagne ses partenaires pour relever ces défis ?
Le premier défi est de répondre aux besoins de santé publique, notamment celui de greffe rénale. Nous ne couvrons pas actuellement l’ensemble des besoins et ils vont structurellement augmenter : de plus en plus de personnes sont touchées par des maladies rénales, souvent liées au diabète et à l’hypertension artérielle. Le but est d’augmenter le prélèvement car sans prélèvement pas de greffe. À cette fin, notre enjeu est d’accompagner les acteurs du prélèvement, de soutenir leurs activités et de les valoriser au sein des établissements de santé. Les audits conduits par les équipes de l’Agence permettent par exemple de soutenir les coordinations hospitalières dans leur activité et de l’inscrire dans la dynamique générale de l’établissement de santé.
Le deuxième défi est lié au taux d’opposition. Comme l’a rappelé la journée du 22 juin, il est important que chacun puisse échanger avec ses proches et parler de son choix sur le don d’organes. Car dans près d’un cas sur deux , les proches ne sont pas en capacité de se prononcer sur le choix du défunt. Dans le doute, les familles adoptent une position de prudence en rapportant une éventuelle opposition, ce qui empêche le prélèvement.
Le troisième défi est la territorialisation. Selon les territoires, les problèmes comme les solutions diffèrent. Par exemple, pour des problèmes d’accès au bloc opératoire, de manque de moyens, etc., l’enjeu est d’impliquer les ARS et les directions d’établissements sur les solutions à envisager ensemble. Le sujets d’accès au bloc peuvent être régulés par les directeurs d’établissements, mais pour ce faire ils doivent être convaincus de l’intérêt des greffes. Aller à la rencontre des directeurs des CHU, comme j’ai commencé à le faire avec les équipes de la direction prélèvement greffe organes tissus, doit permettre de renforcer leur engagement en faveur de la greffe.
Identifier les freins, trouver des solutions au cas par cas : c’est mon objectif, à savoir un déploiement du Plan au plus près des spécificités du territoire.
3. Vous avez rencontré les coordinations à l’occasion de l’AFCH en juin dernier. Quel message souhaitez‑vous leur adresser pour l’année en cours ?
Les remercier ! Car sans les professionnels des coordinations hospitalières, rien n’existe. Ils sont l’élément numéro un de la chaîne du don. J’ai bien conscience que leur travail n’est pas toujours valorisé à la hauteur de leur investissement, de leur dévouement et de leur conviction. Leur posture de soignants mérite une fois de plus d’être saluée : en effet, il faut savoir faire preuve d’une grande humanité pour accompagner des familles qui viennent de perdre l’un de leur proche. J’espère que leur investissement tout comme les messages convergents de toutes les parties prenantes lors de la journée du 22 juin se reflèteront dans le taux d’opposition.
Soyons unis et alignés et encore merci !
Agence de la biomédecine, Activité de prélèvement et de greffe d’organes et tissus en 2022. Baromètre 2023 sur la connaissance et la perception du don d'organes en France, Février 2023, https://presse.agence-biomedecine.fr/chiffres-2022-de-lactivite-de-prelevement-et-de-greffe-dorganes-et-de-tissus-et-baromete-2023-sur-la-connaissance-et-la-perception-du-don-dorganes-en-france/
Toutes les brochures de l’Agence de la biomédecine sont disponibles au téléchargement à la commande via ce lien.
pour toutes remarques