Partenaire de longue date de l’Agence de la biomédecine, l’Institut d’études Viavoice établit chaque année un baromètre sur le rapport des Français au don d’organes. Comment travaille-t-il ? Sur quels critères et comment évoluent ces indicateurs ? Réponses d’Arnaud Zegierman, Directeur associé de Viavoice.
Initié pour la première fois en 2015, le rapport d’étude quantitative appelé « baromètre » est réalisé grâce à des capteurs puisés dans des études qualitatives réalisées en amont en face à face avec des personnes représentatives de la population française. Attendu annuellement avec impatience, il est un peu comme un stéthoscope posé à différents endroits de la société pour mieux appréhender comment le sujet est perçu et comment il évolue auprès de toutes les catégories de population. D’abord centré sur la discussion du don d’organes avec ses proches, le baromètre a, au fil du temps, englobé un autre critère important : la connaissance de la loi et la perception de son efficacité.
Son objectif suit la même logique que le travail scientifique : émettre des hypothèses, identifier les réactions de la population, analyser qui comprend quoi, quels sont les freins ou les blocages et en reporter à l’Agence de la biomédecine pour construire une communication avec des arguments adaptés. Ses résultats sont essentiels pour savoir quel grand message délivrer et comment les décliner aux différentes catégories de la population.
Le baromètre Viavoice a permis de segmenter l’opinion publique en 4 grandes catégories. Ces dernières ne sont pas figées et rigides. Elles résultent d’un modèle statistique présentant les grands schémas de pensée de la population sur ce sujet. Et permettent d’identifier les arguments les mieux adaptés pour chacun :
Les « éloignés »
39% des sondés ont une faible connaissance de la loi, même s’ils la trouvent efficace et en phase avec leurs valeurs. Ils ne se sentent pour autant que moyennement concernés par le sujet du don d’organes.
Les « convaincus »
40% de la population a une meilleure connaissance de la loi que la moyenne et la perçoivent comme efficace, tout en correspondant à leurs valeurs. Ils se sentent également très concernés par le don d’organes et tout à fait convaincus par le fait de donner leurs organes.
Les « indécis »
15% de l'échantillon a une mauvaise connaissance de la loi, et elle serait, selon eux, peu efficace et pas forcément respectueuse du choix de chacun. Elle n’est pas non plus systématiquement en phase avec leurs valeurs. Les indécis doutent de leur position personnelle quant au don d’organes et ne se sentent pas très concernés par le sujet.
Les « réfractaires »
6% de l'échantillon est plutôt méfiant à l’égard des institutions publiques. Ils ont une mauvaise connaissance de la loi qu’ils jugent contraire à leurs valeurs. Opposés à donner leurs organes, ils trouvent que le sujet est intime et se sentent peu concernés.
Presque inconnue il y a quelques années, la connaissance de la loi est aujourd’hui un acquis, chiffres à l’appui ! Malgré une baisse en 2019, les résultats du Baromètre 2021 sont à nouveau très positifs. Ils montrent par exemple que 17% des sondés connaissent la loi spontanément et 78% intuitivement. En 2015, cet indicateur était de 40%. Rares sont les progressions qui vont du simple au double ! Le niveau d’information augmente parallèlement lui aussi puisque 47% des Français se déclarent informés sur le don.
À la question : « Avez-vous l’impression que la loi est efficace pour répondre aux besoins des malades », le positif l’emporte à 69%. Quant à l’indicateur : « La loi est-elle en phase avec vos valeurs », 78% des Français interrogés répondent oui. Autre résultat probant : 75% des sondés se disent favorables au don d’organes pour eux-mêmes et 62% pour leurs proches. Seuls 17% se déclarent opposés et 8% ne se prononcent pas.
Ces scores positifs ne doivent toutefois pas masquer certaines difficultés liées à des taux de refus notables, notamment dans certaines zones géographiques. Même si la dynamique est favorable et le socle solide, il convient de rester vigilant face à certaines transformations de la société (évolution des mentalités, démographie, …) susceptibles d’avoir un impact sur ces perceptions.
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pour toutes remarques